Qu’est-ce qui pollue les cours d’eau français ?
Ces dernières décennies, les exigences en matière de qualité de l’eau potable se sont largement renforcées.
En France, les contrôles s’efforcent par exemple à rechercher un nombre croissant de molécules dans les cours d’eau, en privilégiant évidemment les substances les plus dangereuses pour la santé humaine et l’environnement.
Or on retrouve dans les rivières ce qu’on y a rejeté sur le bassin versant et l’homme a considérablement bouleversé le cycle des éléments naturellement présents dans les cours d’eau (comme les nitrates, les phosphates ou la matière organique). Les éléments issus de l’industrie chimique sont également à prendre en compte – soit potentiellement plus de 100 000 substances issues des activités humaines. On y trouve majoritairement des pesticides, mais également des hydrocarbures, des plastifiants, des médicaments et bien d’autres composés aux potentiels effets de perturbateurs endocriniens, susceptibles d’être neurotoxiques, cancérogènes, ou encore d’altérer la fertilité et le génome.
Ces résidus prennent en général la forme de micropolluants, c’est-à-dire de substances toxiques à des doses très faibles (de l’ordre du microgramme par litre, soit l’équivalent de deux pincées de sel dans une piscine olympique). Ils ne sont malheureusement pas tous recherchés et leurs effets sur le long terme en présence d’un cocktail d’autres molécules sont peu, voire pas du tout, connues.
Pesticides en tête
Dans les cours d’eau français, les pesticides et leurs produits de dégradations sont les premières substances détectées. Peu étonnant dans un pays où la surface agricole utile représente 29 millions d’hectares, soit plus de la moitié du territoire.
Leur concentration varie en fonction de la période à laquelle les produits phytosanitaires sont appliqués (généralement au printemps). Elle dépend également des cultures présentes sur le bassin versant : la vigne, les vergers, ou encore les céréales nécessitent par exemple de nombreux traitements. Les herbicides sont surtout détectés en rivière car ils ont des propriétés qui les rendent plus sensibles au ruissellement. Ainsi, le glyphosate et son produit de dégradation l’AMPA sont les molécules les plus souvent détectées, car très largement utilisés avant la mise en culture.
Mais cette présence dépend également de la persistance des pesticides : la présence d’atrazine (herbicide pourtant interdit depuis 2003) et de son produit de dégradation, la dééthylatrazine, s’explique par un transfert assez lent vers les cours d’eau. S’ils se répandent plus rapidement en période de pluie, une grande partie des pesticides migre de façon diffuse vers les eaux souterraines, pour être restitués plusieurs années plus tard dans les eaux de surface.